Chenavel, forteresse édifiée au XIVe siècle est une résidence seigneuriale. Le château médiéval est un
château défensif, il domine la rivière d’Ain et de ses donjons on pouvait
surveiller la vallée. C’est un quadrilatère, l’entrée se fait par un
pont-levis et de 6 tours lui donnent sa majesté. Le 5 octobre 1342,
Humbert VI de Thoire-Villars inféode le château
fort et la seigneurie avec toute justice haute, moyenne et
basse au chevalier Pernet de Buenc.
En 1494, le château est revendu à Claude
du Breul, en 1556, son petit-fils Antoine du Breul l’aliène à Claude de la
Coux, sénateur de Savoie. Entre-temps la seigneurie de Chenavel, unie à celle
de la Bâtie-sur-Cerdon, est érigée en 1570 en baronnie. Claude de la Coux, qui devient
abbé et seigneur d'Ambronay, débute, en 1590, la reconstruction du
château.
L’abbé de la Coux est fortuné
et afin de montrer sa position sociale, il décide de s’établir à Chenavel. Il
lance de grands travaux et met l’édifice au goût du jour, son style Renaissance. Il transforme la place
forte en résidence, selon les aspirations mondaines de son époque.
Avec les travaux Renaissance,
- on perce des fenêtres à meneaux, avec
volets intérieurs.
- deux cheminées monumentales sont installées
datées successivement de 1590 et 1598. Le blason des Seigneurs de la Coux
avec les trois hérissons orne l’une d’elles.
- au 1er étage, on
installe une longue chapelle dans l’aile Sud.
- toujours au 1er étage,
on crée la salle d’honneur qui comporte une cheminée monumentale dont les
peintures datent de la fin de la Renaissance. Le carrelage au sol est en
tomettes identiques au pavage du monastère de Brou.
- tous les plafonds sont décorés à la
française (excepté dans l’ancienne chapelle).
- dans la tour Sud, une minuscule pièce a
conservé des murs et un plafond peints par le même artiste que celui qui
travailla au Château de la Tour-des-Echelles à Jujurieux.
- le 2ème étage comporte 3
greniers aux impressionnantes charpentes.
- 2 tours hexagonales côté cour enchâssent
des escaliers en pierre qui desservent les étages.
- Un vieil escalier en bois occupe la tour
Sud.
- d'anciennes écuries abritent des
ateliers surmontés de grenier à usage de réserve.
Nous sommes à la fin XVIe siècle, le
château toujours en travaux échappe à la destruction du Marquis de Biron,
maréchal d’Henri IV qui ravage le Bugey lors de la guerre entre la France et la
Savoie. C’est là une chance car, de ce fait, Chenavel sera l’un des rares
châteaux Renaissance de la région à rester debout.
Chenavel est un témoignage quasi-unique
dans notre région de l’âge d’or de la Renaissance et du XVIIe siècle.
Après la victoire des troupes royales, les
biens de l’Abbé de la Coux sont saisis, puis rachetés, puis échangés, c’est
Prosper de Lyobard qui devient le Seigneur de Chenavel en 1642, lequel revend à
François de Reydellet. En 1655, le château entre dans la famille Michon jusqu’à la
Révolution. Ces propriétaires font à leur tour d’importants travaux comme en
témoigne l’inscription « 1688 », gravée sous l’imposte de l’entrée actuelle du
corps de logis principal. Comme leurs prédécesseurs, et jusqu’à la
Révolution les MICHON tirèrent profit de la tuilerie de la Seraillière, de leur
domaine de Longeville situé dans la paroisse d’Ambronay, et de leurs carrières
de pierre de taille. Ils se transmirent successivement Chenavel de 1657 à 1790.
Lors de la Révolution, le château échappe
une fois de plus à la destruction , car sa propriétaire Madame du Louvat de
Champollon, citoyenne mère de la République, est en état d'allaitement, et de
plus, les habitants de Chenavel font valoir que sa destruction entraînerait
d'énormes dégâts dans les vignes en contrebas.
L’édifice se composait encore à la Révolution de deux ailes jointes à l’est
par un mur de près de 2 mètres d’épaisseur et 10 mètres de hauteur, où une
ouverture centrale donnait accès au pont-levis enjambant un fossé d’une dizaine
de mètres de largeur. L’eau de citerne était tirée par un puits dans la cour
intérieure. Le mur est fut abaissé en 1793, le pont -levis supprimé et le fossé
comblé, afin d’estomper le caractère militaire de l’ensemble.
Au XVIIIe siècle la montée au château se faisait encore par un chemin
sinueux naissant au pied du contrefort rocheux, donnant accès au château côté
nord, et sa ferme côté sud. Une ouverture dans le mur d’enceinte permettait la
communication avec le village dont la desserte était distincte.
En 1833, le marquis Pantaleon Costa de
Beauregard vend le château avec son domaine de 80 hectares à Alfred Vincent de
Lormet qui relance des travaux, le château perd son aspect féodal la cour intérieure est
définitivement ouverte par l’amputation d’une partie des ailes et du mur est,
pour donner les caractéristiques actuelles.
En 1844, le soyeux Bonnet en fait
l’acquisition, il ne reste plus que 4 hectares, afin d’en faire une maison de
repos pour les ouvrières de la soierie Bonnet de Jujurieux. En 1949, la famille
Cottin, descendante de Bonnet, fait don du château à une association familiale
de vacances. Pendant 65 ans le château sera un lieu d’hébergement pour
différentes associations.
En 2005, un incendie détruit l’aile nord
du château. Aucune réparation n’est envisagée, la toiture s’effondre sur les
niveaux 1 et 2.
Le château, à l’abandon, subit de graves
dommages ces dernières années : affaissement de toitures, vandalisme,
cheminées volées, portes démontées, carreaux cassés…